La leishmaniose cutanée à type de macrochéilite : une série de 22 cas - 16/06/22
Résumé |
Introduction |
La leishmaniose cutanée (LC) est une infection parasitaire qui se caractérise par un grand polymorphisme clinique. Le diagnostic de LC peut être difficile dans certains cas, en particulier en cas de localisations peu communes telles que les lèvres. La LC à type de macrochéilite est une entité peu rapportée dans la littérature. Le but de notre étude était de décrire les particularités cliniques et thérapeutiques de la LC à type de macrochéilite dans notre contexte.
Patients et méthodes |
Il s’agit d’une étude rétrospective de 22 cas de LC à type de macrochéilite diagnostiqués entre 2002 et 2021 dans un service de dermatologie en Tunisie. Le diagnostic était confirmé par l’examen parasitologique sur frottis dermique, l’histologie ou la PCR.
Résultats |
Vingt-deux patients étaient inclus avec un ratio H/F de 4,5. L’âge moyen était de 32,3 ans. Les patients étaient originaires du nord de la Tunisie (46 %), du centre (36 %) ou du sud (18 %). Le délai moyen de consultation était de 5 mois. Les lésions siégeaient sur la muqueuse labiale chez tous les malades réalisant une macrochéilite. L’atteinte concernait la lèvre supérieure dans 10 cas (45 %), la lèvre inférieure dans 9 cas (41 %), et les deux lèvres dans 3 cas (14 %). Une ulcération croûteuse était notée dans 82 % des cas. La macrochéilite était isolée dans 16 cas et associée à d’autres lésions de LC au niveau de la face et/ou membres dans 6 cas. L’état général était conservé chez tous les patients. Le diagnostic de LC était confirmé par frottis dermique (64 %), par histologie (27 %) et/ou par PCR (9 %). Les patients étaient traités par injections intramusculaires d’antimoniate de méglumine (AM) pendant 15jours (82 %), par injections intralésionnelles mensuelles d’AM (14 %), ou par métronidazole per os associé à la cryothérapie (4 %) entraînant une désinfiltration des lésions dans tous les cas.
Discussion |
Les macrochéilites chroniques constituent souvent un défi diagnostique car elles relèvent d’étiologies diverses. Celles-ci sont représentées principalement par les macrochéilites granulomateuses primaires, la sarcoïdose, la maladie de Crohn, et les causes infectieuses dont la LC est le chef de file. L’atteinte muqueuse est rarement observée dans la LC de l’Ancien Monde. Elle est généralement associée à une infection par des espèces de Leishmania trouvées en Amérique du Sud (Nouveau Monde). La LC des lèvres a été récemment signalée comme une forme clinique émergente en Tunisie. Elle est communément apparentée à Leishmania infantum. Elle est généralement secondaire à une extension par contiguïté à partir d’une lésion cutanée, ou plus rarement à une inoculation directe de la muqueuse. L’ulcération centrale retrouvée dans la grande majorité des cas correspond probablement au site d’inoculation secondaire à la piqûre du phlébotome. Contrairement à la leishmaniose muqueuse du Nouveau Monde, classiquement invasive, tous les cas de LC de notre étude étaient non mutilants et ont tous bien répondu au traitement. L’AM par voie systémique reste le traitement de référence.
Conclusion |
Devant toute macrochéilite, la chronicité de la lésion, la présence d’une ulcération et la résidence en zone d’endémie doivent faire évoquer le diagnostic de LC.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Plan
Vol 43 - N° S1
P. A165-A166 - juin 2022 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.
Déjà abonné à cette revue ?